mercredi 27 février 2008

La vie des talibés



Bonjour!
Cette semaine nous allons vous parler d’un sujet qui nous préoccupe beaucoup depuis notre arrivée : les talibés.

Les talibés

Ils sont partout où nous allons, que ce soit au marché ou à l’école. Les talibés, ces enfants mendiants, errent dans la ville pour trouver de la nourriture et de l’argent. Ils font partie du paysage sénégalais, un paysage touchant où règne la pauvreté.







Dans les faits, les talibés sont des garçons provenant de milieux défavorisés. Des parents confient leur enfant à un marabout, un homme qui leur enseigne le Coran, le Livre saint de la religion musulmane. La plupart du temps, ces enfants mendient entre 8h et 9h et entre 14h et 20h. Pendant la journée, ils sont à l’école coranique pour apprendre les rudiments du Livre saint. On dit de ces marabouts qu’ils offrent protection et assistance aux enfants.

Cependant, certains marabouts exploitent les enfants. Ils ne leur apprennent pas le Coran et les forcent à mendier du matin au soir. Certains talibés passent une partie de la nuit debout à chercher de généreuses personnes pouvant leur offrir nourriture et argent. Ils doivent rapporter une somme d’argent au marabout en plus de leur nourriture quotidienne. S’ils ne rapportent pas ce qui leur est demandé, les jeunes enfants sont maltraités. Les sévices corporels ne sont pas rares, certains garçons en gardent même des traces. De plus, afin de garder un pouvoir sur eux, les marabouts tiennent les enfants loin de leur maison pour éviter qu’ils ne retrouvent leur famille. Par exemple, certains talibés à Saint-Louis viennent de villages éloignés ou même d’un pays voisin.



D’après l’Unicef, il y a plus de 150 000 enfants talibés, principalement dans les villes de Dakar et Saint-Louis. En moyenne, ces enfants sont âgés de 10 ans.



La vie des talibés dans la ville

« Il est pieds nus, il a un regard triste et des boutons à la figure, c’est Moussa le Talibé » (Ramatoulaye Bâ).

À première vue, les talibés ne semblent pas faire partie du quotidien des habitants de Saint-Louis. Lorsque nous sommes étrangers dans cette ville, nous pouvons avoir l’impression qu’ils sont des mendiants qui passent leurs journées dans les rues sans avoir de véritables contacts avec la population. Pourtant, il en est tout autrement. Plusieurs familles accueillent un ou deux talibés pour les repas. À chaque jour, le talibé se présente, un petit bol à la main, à la même maison pour partager le repas avec une famille. Il est très fréquent qu’elle va lui donner de vieux vêtements et lui permettre de se laver. « Il est l’heure du repas et on entend la voix de Boubacar le talibé, il vient demander le repas » (Fadel Wade).



Pour ces familles de Saint-Louis, il est tout à fait naturel de donner quotidiennement une portion de riz et de poisson à un enfant dans le besoin qui ne fait pas partie de leur famille. Malgré le fait qu’ils ont souvent peu de ressources financières, ils assurent une certaine stabilité à ces enfants. Les talibés deviennent en quelque sorte un membre de la famille. « Le talibé qui vient à la maison est très gentil, il joue souvent avec nous au foot »(Moussa Gaye).

Un guide touristique nous a expliqué que sa femme et lui avaient choisi de prendre sous leurs ailes deux talibés qu’ils rencontraient souvent dans les environs de leur maison. « Nous avons choisi deux talibés qui venaient souvent nous demander de la nourriture et qui semblaient gentils ». Depuis, les deux talibés se présentent chez eux à tous les jours le midi et le soir.

Des organisations assurent également certains services pour les talibés. Par exemple, La Liane, un refuge pour des enfants de la rue, permet à une centaine de talibés de venir se laver à tous les jeudis et vendredis matins.

Une chose est certaine, la vie de ces enfants est très éloignée du quotidien des petits québécois, mais ils gardent tout de même le sourire.



À la découverte du Sénégal



Voici le magnifique paysage de l’île de Gorée.


Ile de Gorée

Cette semaine, nous sommes allées visiter une magnifique île au large de Dakar, l’île de Gorée. Quoique très petite (900 mètres de longueur par 300 mètres de large), cet endroit a une importance historique très importante. Il s’agit d’un des nombreux ports d’où s’effectuait le trafic des esclaves noirs de 1536 à 1848. Pendant plus de 300 ans, de 12 à 15 millions d’Africains se sont fait transporter contre leur volonté vers les Amériques. Il s’agit de la plus grande déportation de population que l’humanité ait connue.

A cette époque, l’Afrique était divisée en royaumes. Ces royaumes faisaient la guerre entre eux. Les prisonniers qui étaient capturés étaient vendus comme esclaves à des riches marchands qui possédaient des plantations de cannes à sucre ou de café en Amérique. Avant d’être entassés sur des bateaux, ces hommes, ces femmes et ces enfants séjournaient dans des maisons prévues pour les garder en captivité. Ils vivaient jusqu’à trois mois, enfermés dans des toutes petites chambres en pierre. Les conditions de vie étaient très pénibles et plusieurs mourraient avant même d’embarquer sur le bateau.

Une fois achetés par les marchands, ils n’avaient plus de nom, seulement un numéro pour les reconnaître. Leur nouveau nom était donc ce numéro, souvent accompagné du nom de leur nouveau maître.

Ce triste commerce a pris fin en 1848 quand les Anglais ont décidé de mettre fin à 300 ans d’esclavage en combattant contre la traite des noirs. L’île de Gorée a conservé une de ces maisons d’esclaves pour qu’on se rappelle toujours de cette partie de l’histoire, pour que plus jamais cela ne se reproduise.

« Je ne sais si le sucre et le café étaient essentiel au bien être de l’Europe, mais je sais que ces deux végétaux ont fait le malheur des 2 parties du monde. On a dépeuplé l’Amérique afin d’avoir une terre pour les planter et on a dépeuplé l’Afrique afin d’avoir une nation pour les cultiver. »



Dans cette pièce, pouvaient vivre jusqu’à 40 hommes.



« La porte du voyage sans retour ». De là partaient les prisonniers pour un long voyage sur l’océan Atlantique qui les séparerait pour toujours de l’Afrique.


Jeux

Puisque nous avons publié la moitié de nos chroniques, nous vous suggérons cette semaine un petit jeu pour tester vos connaissances. Vous devez placer les mots au bon endroit.

Martinière - Balafon – Bissap - Gamou

Le __________________ est une sorte de xylophone qui se compose de 15 à 19 lames rectangulaires en bois dur.

Le ___________________ est une fête religieuse qui se déroule durant une nuit complète.

La ___________________ est une méthode où les enfants lèvent leur tableau et l’enseignant corrige en balayant la classe du regard.

Le ___________________ est une fleur qui vient de l’hibiscus et que l’on utilise pour faire un jus.

Les réponses de la semaine dernière

Balafon, danse, musique, Lompoul, faux lions, djembé, dromadaire, chamelier, désert et tambour africain.


À faire à la maison

Cette semaine, nous vous proposons une boisson typiquement sénégalaise : le jus de gingembre.

Les ingrédients
Branches de gingembre
Eau bouillante
Jus d’ananas
Sucre

Le mode de préparation

Faire bouillir de l’eau et la retirer du feu.
Peler les branches de gingembre.
Râper les branches de gingembre et les déposer dans l’eau.
Tamiser le mélange.
Ajouter du jus d’ananas et du sucre au goût.



Un peu de wolof

Cette semaine, nous vous proposons d’apprendre les jours de la semaine.


Lundi: altine
Mardi: talaata
Mercredi: àllarba
Jeudi: alxames
Vendredi: àjjuma
Samedi: gaawu
Dimanche: dibéer



Citation de la semaine :

« Le sous-développement, c’est une façon de penser. »

Bonne semaine!

Cynthia, Eliane, Jessica, Kathie, Laura-Julie, Luce, Marie-Hélène et Marilyne.